Handilol : les explorateurs en fauteuil

Berlin, Copenhague ou encore Florence, Julien et Rudy Vignon parcourent l’Europe à la recherche des villes les plus accessibles pour les personnes à mobilité réduite. Depuis 2012, les deux frères Lyonnais ont créé leur site internet Handilol afin de donner une image plus positive du handicap. Rencontre avec Julien Vignon.

« On est tous concernés », c’est en ces mots que Julien nous parle du handicap. Son frère Rudy est atteint de dystrophie musculaire et est en fauteuil depuis 2009. « On a toujours été très proches. En 2011, on a commencé à voyager et en 2012, on a créé Handilol. On ne se rend pas forcément compte mais c’est très compliqué de voyager quand on est en fauteuil roulant. Certains lieux sont accessibles mais pas forcément adaptés. » En effet, le but de Handilol est de pouvoir aider les personnes à mobilité réduite à organiser leurs voyages, par des bons plans, des notes et un baromètre d’accessibilité. Un projet qui réunit plus de 4000 personnes sur Facebook.

Et Lyon dans tout ça ?

La capitale des Gaules n’échappe pas à la triste réalité française du manque de dispositifs pour les  personnes souffrant de handicap. « Le métro il faut oublier. Il y a des ascenseurs dans toutes les stations, ce qui est une bonne chose mais il y a un véritable problème pour accéder aux wagons. Il n’y a que la ligne D qui dispose de rampe rétractable (sur 4 lignes en tout). Et à Bellecour par exemple, il faut emprunter 2 ou 3 ascenseurs avant de pouvoir remonter à la surface» Un problème d’accessibilité au métro qui s’estompe dans les rues de la ville. Selon Julien Vignon, les trottoirs sont assez pratiques pour les personnes à mobilité réduite. En effet, le jeune homme ne souhaite pas jeter la pierre à la ville de Lyon, même si d’autres communes comme Montpellier sont biens plus équipées et pratiques pour les personnes en fauteuil.

La Fête des Lumières ou la fête des dangers

« En tant que personne valide, je trouve que c’est dangereux. Alors lorsqu’on est en fauteuil, la situation est bien pire. Au moindre mouvement de foule, une personne en fauteuil se fera immédiatement piétiner. De toute manière, tous les lieux ne sont pas pratiques : je pense notamment à la place des Terreaux, tout le monde est regroupé, et les personnes handicapées ne verront même pas le spectacle. » Sur les éditions précédentes, l’organisation de la Fête des Lumières avait mis en place des visites guidées et des bus pour que les personnes handicapées puissent tout de même vivre l’événement. Cette année, en raison des dispositifs de sécurité, rien n’a été mis en place. « Cela ne me choque pas particulièrement, je comprends tout à fait. Personnellement, ce qui me choque, c’est le manque de communication de la part de l’organisation. Sur le site de la Fête des Lumières, il n’y a aucun espace pour les personnes handicapées. Il faut faire une recherche très longue sur le site, et les informations ne sont même pas actualisées puisqu’elles datent de 2014 ! C’est incroyable, il faut absolument que les personnes handicapées qui viennent à la Fête des Lumières puissent se renseigner », nous dit Julien.

Une absence qui se ressent également dans la sensibilisation. Pour Julien, cela manque vraiment de la part du gouvernement, et de grandes améliorations pourraient être faites. « Aux Etats-Unis, dans les écoles, ils ont une journée dédiée aux handicaps, une journée où les enfants sont sensibilisés. Aujourd’hui c’est là-dessus que l’on doit travailler. » Car ce qu’espèrent Julien et Rudy avec Handilol, c’est de pouvoir interpeler les grands acteurs de ces enjeux et briser les stéréotypes du grand public.

Selena Miniscalco

Image de Une : Julien et Rudy à Lyon

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